
La Processionnaire du chêne : écologie et cycle La processionnaire du chêne est un lépidoptère inféodé aux chênes de nos régions. Il développe son cycle sur une année. Les femelles adultes pondent leurs œufs dans les houppiers de chênes en automne.
Les chenilles éclosent en avril et se développent au cours de 5 phases larvaires puis forment une chrysalide avant éclosion du papillon. Les mues de déroulent dans des nids caractéristiques dans les branches ou sur les troncs des chênes.
Les chenilles se nourrissent de feuilles de chênes provoquant des défoliations parfois spectaculaires. Les chênes ont cependant la capacité de refaire leur houppier (polycyclisme).
A partir du 3ème stade larvaire, les chenilles portent des poils urticants microscopiques (0.1 à 0.2 mm). Ces poils en forme de harpons contiennent une toxine allergisante : la thaumetopoeine. Ces poils sont les plus actifs de juin à août par temps sec, mais les nids remplis de poils conservent leurs propriétés urticantes plusieurs mois après la disparition des chenilles, voire 1 à 2 années.
Risques pour la santé humaine : en principe peu sévères, mais consulter un médecin en cas de réactions allergiques sévères Ces poils, par contact direct de l’homme ou des animaux avec les chenilles ou les nids, ou indirectement lorsqu’ils sont transportés dans l’air, peuvent provoquer des troubles en général peu sévères : réactions cutanées et démangeaisons, atteintes oculaires, manifestations respiratoires. Toutefois, en cas de réactions allergiques plus sévères (urticaire généralisé, gonflement du visage, malaises, vertiges, vomissements, œdème de Quincke, ou rarement choc anaphylactique), l’ARS recommande la consultation d’un médecin ou des services d’urgences.
La prévention : du bon sens, même quand il fait chaud ! Des préconisations de prévention simples sont recommandées : - Eviter les balades en forêts touchées par temps sec, chaud et venteux. Préférer les sorties à la rosée du matin, - A défaut protéger le corps par le port de vêtements couvrants (jambes, cou et bras), - Tenir les enfants et les animaux de compagnie éloignés des nids tombés à terre, - Laver soigneusement et fréquemment les vêtements exposés, - Eviter de se frotter les yeux en cas d’exposition, prendre une douche et changer d’habits en rentrant de forêt.
Pour les riverains de forêts ou d’arbres infestés : - Ne pas sécher le linge en extérieur de mai à septembre, - Laver soigneusement les légumes du jardin, - Prendre garde en tondant sa pelouse.
Les professionnels de la forêt doivent prendre des précautions particulières et s’équiper d’Equipements de Protection Individuels spécifiques (voir diagnostics et mesures spécifiques proposées par l’ONF aux donneurs d’ordre).
Dans les seuls cas d’infestations extrêmes de processionnaires, notamment en période estivale sèche en secteurs touristiques, le maire peut prendre la décision de fermer sa forêt ou de ne pas autoriser de manifestations collectives en forêt (courses, sites d’accueil…).
Les méthodes de lutte : peu de choses à ce jour Lutte biologique au BT : Une méthode de lutte biologique utilisant le Bacille de Thuringe (dit BT) est efficace au premier stade larvaire en avril-mai. Elle a été utilisée avec succès en 2016 au sud du département.
Le Bacille de Thuringe sous sa forme FORAY 48B a bénéficié de deux homologations : - En tant que phytocide (pour protéger les végétaux) : cette homologation est toujours valide mais seul un épandage depuis le sol est possible (épandage aérien interdit) ; - En tant que biocide (pour protéger la santé humaine) : l’épandage aérien à moins de 50 m des lisières étaient possible mais l’homologation de ce produit est échue depuis 2017. Contrairement à certaines « fausses nouvelles », aucun épandage aérien n’a eu lieu en Moselle depuis 2016.
Si des traitements biologiques depuis le sol sont donc envisageables, permettant notamment de diminuer localement les effets des chenilles dans des zones très fréquentées (parcs, lisières…), il n’y a donc actuellement pas de moyen d’utiliser le BT à l’échelle d’une forêt et de modifier la dynamique des populations.
Autres moyens de lutte ponctuels : - Arrosage de nid avec de l’eau ; - Brûlage au chalumeau ou brûlage des nids après mises en sac. Ces deux méthodes à impact local n’affectent pas les populations de chenilles et peuvent avoir l’inconvénient de disperser les poils urticants ou de blesser les arbres. Elles doivent être réalisées par des professionnels porteurs des EPI adaptés.
La recherche : - Un épandage par drone d’une autre spécialité à base de BT (FORAY ES) a été testé sous le contrôle de l’INRA ce printemps à Guénange sur une profondeur de 30-40m. A première vue, ce produit sous ce mode d’épandage a semblé efficace. Il ne bénéficie cependant pas d’homologation à ce jour. - Des phéromones de confusion sexuelle ont été testées en Moselle depuis 2017 mais sans succès à ce jour contrairement à ce qui a été mis au point pour la processionnaire du pin maritime, - Le piégeage de masse par attraction par des phéromones n’est pas non plus au point.
Eviter la psychose Enfin, s’il y a lieu de prendre ce sujet avec sérieux, le rôle des élus, des services et du corps médical est aussi d’encourager et aider la population à ne pas sombrer dans la psychose.
Tout ce qui gratte ou pique en forêt n’est pas processionnaire du chêne : - ces chenilles processionnaires ne se développent que sur les chênes, d’autres chenilles du chêne ne sont pas urticantes comme la chenille du bombyx disparate (plus grandes, de couleur rouge orangée), d’autres chenilles sur d’autres espèces d’arbres sont la plupart du temps inoffensives ; - en forêt, il y a aussi des bêtes qui piquent sans pullulation particulière : des simulies (petites mouches noires hématophages), des aoutats ou tout simplement des guêpes, des taons et moustiques. Pantalons et manches longues sont les meilleures préventions, éventuellement améliorées par des répulsifs à appliquer sur la peau ou en imprégnation des vêtements.
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